LECTRICES EN SALLE DE SPORT
Dimanche, course dans les bois près de chez moi, instant de réflexion dont voici le fruit.
Réflexion de fond, pourrait-on dire, à la limite de la remise en question. Cependant, il a bien fallu que j’en accepte l’idée, une de ces idées qui me font frémir et que j’ai toujours rejetées. Un vrai préconçu façon maison. Une idée toute faite, nulle, mais qui a la racine profonde et l’ancrage à fleur de peau.
Pourtant, elle est la seule qui d’un coup parait si logique.
N’allez pas en accroire que cela fut si évident. Non, elle est du domaine du combat contre moi-même.
Si vous avez déjà regardé la cible présentée plus bas, vous avez déjà compris où je veux en venir. Si ce n’est pas le cas, préservez le suspense. Ceci étant dit, je peux donc continuer allègrement ma réflexion du jour.
La semaine dernière, je suis allée à la salle de sport où j’ai assisté à deux cours collectifs, le premier pilates, le second renforcement musculaire. C’est un effort pour moi que d’y participer. Peut-être qu’il faudrait que je vous avoue pourquoi c’est si … non évident.
Depuis plusieurs mois, à la salle de sport, j’observe les femmes (il n’y a que des femmes) qui participent à ces cours. Elles sont toutes d’un âge plus ou moins mûr, normal, un mardi ou un vendredi en pleine matinée, il n’y a guère que les retraitées ou les femmes au foyer qui peuvent être là régulièrement. Elles se regroupent autour des vélos elliptiques, histoire de s’échauffer un peu, et bavardent allègrement de choses et d’autres. Certaines assistent même tous les jours à un cours collectif, c’est fort !
J’aime les regarder, elles ne se prennent pas la tête, elles sont contentes d’être là, c’est tout. Mais moi ça me met un peu mal à l’aise.
Allez, je vais le dire direct, advienne que pourra. J’ai peur de leur ressembler donc je n’irai jamais à un cours collectif. Mais comme je ne me vois pas plus assister à un cours du soir, heure à laquelle la population rajeunit sensiblement, et vigoureusement, autant dire que je me prive d’un super entrainement.
A ce moment de lecture, vous pouvez vous moquer, je crois que je le mérite bien, vous pouvez aussi penser que je suis un brin prétentieuse, j’en connais autour de moi qui ne dirait pas le contraire, mais en général je retombe toujours sur le bon sens.
Et ce bon sens me dit que je fais fausse route quand je cherche, soi-disant, à rester moi-même en étant différente des autres. Je sais, je sais… prétentieuse ! Mais pour le moins, je le reconnais. Et je reconnais là-aussi mon erreur.
Quelle est la cible, le profil de ton lecteur ? Jamais je n’ai pu répondre à cette question. Je croyais que la difficulté en venait à l’ouvrage. Erreur. C’était moi, la cause du blocage.
C’est comme pour la salle de sport et les cours co. Pourquoi n’y allais-je pas ? Parce que je ne voulais pas être comme toutes ces dames que je voyais fréquenter ce cours. Quinquagénaires, sexagénaires, septuagénaires. Pure bêtise de ma part, je l’admets.
Projet de ce début du mois de septembre. Sortir de ma fausse zone de confort. Sortir de ma propre bêtise serait plus exact. Assister régulièrement à un cours collectif, ce qui me changera de l’entrainement sur machine et évitera le sentiment d’ennui qui me guette. Finalement, j’ai opté pour deux cours hebdo.
L’ambiance des cours est très sympa, il y a même deux ou trois trentenaires-quadragénaires qui s’y collent. Ce ne sont que des femmes qui y viennent, les hommes seraient donc aussi « bêtes » que moi ? Chacune s’occupe d’elles.
Bien sûr qu’il y a tout un pan de simagrées qui si elles ne m’agacent pas, finissent par m’amuser. En fait, ce ne sont jamais les gens qui m’arrêtent, mais bel et bien ce que j’appelle leurs simagrées, mais c’est un autre sujet.
Nous voici au dimanche suivant, je vais courir, ou plus exactement faire un petit footing. Et tout se clarifie.
Si quelqu’un peut lire mes livres, en comprendre les méandres, si quelqu’un peut accepter les décalages générationnels, ce quelqu’un est tout d’abord une quelqu’une, qui s’est sentie grandir dans les années 80, qui aime les romans et les romances, s’extasie devant certaines versions masculines, de type un Patrick Swayze dans Durty Dancing à Mel Gibson dans L’Arme fatale, ou plus tard un Bruce Willis dans le 5ème Elément.
Oui, tout ça est très générationnel. Aucun sectarisme, aucun rejet bien sûr. Bienvenue à tous et toutes ! Mais c’est comme pour le cours de pilates ou de renforcement musculaire, jeunes et moins jeunes œuvrent ensemble.
Aujourd’hui, je l’écris avec beaucoup de joie, de plaisir et d’impression de n’être plus seule, car oui Monsieur, oui Madame, j’ai ma cible, mon profil type. C’est cette femme-là !
Une sorte de sœur de génération. Une amie de lecture.
Follow me ! Follow me ! Ou plus exactement, laisse-moi me hisser jusqu’à toi !
Le mardi suivant
Généralement, je n’aime pas beaucoup avoir tort, mais quand je suis face à une de mes erreurs et que cela me fait grandir, me pousse vers l’avant et me donne envie de chanter, alors oui, j’aime bien me rendre compte de mes erreurs et reconnaitre mes torts.
Ceci étant, depuis le temps, je me connais plutôt bien, je me doutais que ce moment risquait d’arriver, et j’en suis ravie.
Revenons au cours collectif de pilates. Le mardi. Donc aujourd’hui. Et aujourd’hui, dans ce cours, il y avait le petit noyau dur de nos femmes quinquagénaires et sexagénaires. Il y avait aussi des femmes plus jeunes, dont deux asiatiques, et il y avait un homme, oui, oui. Finalement, on est loin de ce que j’imaginais.
Il y avait surtout l’atmosphère de la rencontre.
Durant un cours, les gens ne parlent pas, ils bougent et suent en silence. Le contact se fait avant ou après, c’est un bref échange de quelques secondes, c’est un sourire de connivence, un regard amusé. On est loin de ma sotte idée préconçue des cours collectifs essentiellement fréquentés par « des bonnes femmes de mon âge ».
Voilà je rétablis une vérité qui n’a pas plus d’intérêt que ça, si ce n’est de me faire prendre conscience de certaines visions très arrêtées qui semble-t-il, ont tendance à prendre demeure en mon cerveau.
En fait, ça me fait dire qu’il faut faire attention à ne pas se laisser aller dans une facilité de penser, liée probablement à l’expérience, plus qu’à l’âge, même si les deux vont assez souvent de pair, mais pas toujours, loin de là !
Là où le danger guette, là où se tapit la rigidité des bien-pensants, c’est quand on est soi-même persuadé qu’on est hermétique aux idées préconçues, qu’on ne juge pas les autres, qu’on est empathique, compréhensive, que ça ne peut pas nous arriver… Le risque est grand, avec l’âge, ou l’expérience, de ne pas se sentir bifurquer vers des zones de confort cérébrales qui pourraient bien ankyloser même les plus sympathiques.
Je me disais aussi, ça c’était en rentrant chez moi, après le cours co, que j’ai passé beaucoup de temps à « ne pas vouloir être… ceci… ou cela ». Je répondrais plus facilement à la question : que ne veux-tu pas être ? plutôt qu’à sa version positive : que veux-tu être ?
J’ai souvent dit que je n’aurais pas voulu être quelque d’autre que moi-même. Ce qui en soi est déjà pas mal, pas très glorieux peut-être, mais suffisant pour moi.
En fait, j’ai toujours pensé que j’étais ma propre richesse, ce qui pourrait nous ramener à cette idée de prétentieuse, orgueilleuse. Mais réellement, non, ce n’est pas ça. C’est comme une juste mesure qu’on a de soi. Une modestie qui n’en est pas une. Une acceptation de soi qui n’est pas toujours évidente. Et ça peut aussi présenter le risque de vivre dans une certaine complaisance envers soi-même. Bon ! Je m’égare.
Profitons de ce jour d’erreur pour nous réjouir. Car c’est aussi ce jour qui me donne envie et me motive à poursuivre le chemin pour aller vers vous, sœurs de génération et amies suiveuses !
Je n’aime pas la critique mais je m’y ferai.
Je n’aime pas plus les faux-semblants et je n’ai jamais cherché à me montrer telle que je ne suis pas. Défauts et qualités. Qualités des défauts et défauts des qualités. Bref ! Package complet !
Dernier point, ce n’est pas parce que j’ai découvert que les cours co, même un mardi matin, pouvaient intéresser une population très variée que j’envisage de changer la cible-lectrice. Nous sommes toujours sur le même registre : femme, 50 ans à 70 ans, plus et moins bien sûr, lectrice de romans et romans féminins.
Peut-être pourrons-nous augmenter le potentiel, en se dirigeant aussi vers les quadragénaires, mais comme ça me fait un peu peur (ben oui, je suis aussi plutôt trouillarde… sans raison), on va attendre un peu.
Mais c’est comme pour les cours collectifs, la porte reste ouverte à tous et toutes !
Versailles, Lundi 11 septembre 2023