N’ECOUTEZ PAS ! ENTENDEZ !
Ecoutez ce que disent les plus vieux.
C’est une recommandation des plus classiques. Quelque chose qu’on répète sans y prendre garde. De ces choses auxquelles on ne prête qu’une fausse attention.
C’est une erreur. Il faut écouter les plus vieux.
Non pas écouter pour obéir, comme on dit « Ecoute Papa » « Ecoute Maman ».
Non, écouter comme quand on prête une oreille, une véritable oreille.
J’ai une amie bien plus âgée que moi. Quand j’avais à peine 30 ans, elle en avait déjà 57. Nous échangions, parlions, riions, sans que cette différence d’âge n’ait jamais impacté notre relation. J’ai compris très vite l’intérêt de cette relation. Elle me faisait grandir plus vite. Une question, un problème, une indécision, je lui demandais son point de vue. J’avoue que dans de nombreuses fois, je ne comprenais pas tout. Ça paraissait pour le moins sibyllin et confus. C’est logique car mon amie m’ouvrait sur une manière de penser que je n’avais encore jamais abordée, il me manquait pour ça 25 années de vie supplémentaires.
Elle m’amenait à réfléchir comme si j’avais un cerveau âgé de 25 ans de plus. Comme si j’avais une maturité que j’étais loin d’avoir atteinte. Probablement qu’elle ne le faisait pas exprès, elle me répondait, m’éclairait du haut de sa soixantaine toute proche. En final, elle me faisait gagner du temps. Pourquoi me perdre en conjecture pour essayer de comprendre telle situation professionnelle ou privée, ou telle personne au comportement inattendu ? Elle me donnait sa vision, son approche.
Quand ça vient d’une amie, on fait confiance, on prend et on utilise l’information. Oui, elle m’a fait gagner du temps. Comme si quelqu’un me mettait sur la voie de ma propre maturité. Inutile que je passe par ce chemin ou cet autre, que j’hésite, quand une route se dessinait devant moi et que je pouvais en apercevoir au loin quelques détours. Une anticipation sur l’avenir.
Le regret dans cette histoire est la perte d’information. L’inévitable déperdition d’information. Des histoires qu’on vous raconte et que vous n’écoutez que d’une oreille.
Là arrive le conseil. Ecoutez attentivement les plus anciens, pour éviter les frustrations qui ne manqueront pas de se faire ressentir le jour où les années ayant passé, le besoin de cette information précise ressurgira des tréfonds de votre mémoire et qu’à ce moment-là, vous vous direz : « Zut, je ne me souviens plus de ce qu’il ou elle a dit. J’aurais dû mieux écouter ». C’est comme à l’école, plus tu écoutes, plus ton cerveau mémorise et est capable de ressortir l’information, 20 ans plus tard.
Ça ressemble aussi à ce moment quand on essaie de se souvenir de ce que son père ou sa mère racontait de sa vie, de son passé, et qu’on se dit, qu’on n’a pas retenu grand chose. C’est dommage, des pans de vie entiers qui ne referont jamais surface. En soi, ce n’est pas très grave, mais d’un point de vue affectif, c’est se priver d’une manne potentielle de réconfort et d’un peu de tendresse.
Alors, oui, écoutez les anciens. Servez-vous d’eux. Faites le tri de l’information. Il ne faut pas se leurrer, il y a aussi beaucoup à jeter dans ce qui est dit, mais ce qui nous intéresse ici, c’est la recherche de la maturité. C’est regarder au-dessus du mur pour apercevoir la sagesse.
Entendez pour accéder à la vision du plus vieux, prenez l’accès direct à la maturité, c’est elle qui vous mènera vers la sagesse, après de longues, longues, longues années de vie. Jetez le superflu et l’idiot, pour cela, n’obéissez jamais aveuglément. Alors vous gagnerez du temps sur les heures d’introspection ou de remise en question.
Versailles, 19 Octobre 2023